L’invité du mois : Jacques Smal, de Skywin

Actualité fournie pour le pôle Skywin, dont Jacques Smal, son président, a été sollicité à deux reprises par le quotidien L'Echo ces dernières semaines. Une première fois, dans son costume de « président des pôles » (une présidence tournante occupée jusqu’il y a peu par Skywin) pour expliquer le rôle prépondérant des pôles dans la relance économique ; une seconde fois afin d’expliquer les mesures d’aides plus spécifiques à l’aérospatial. L’occasion, en ce début d’année, de dresser un état des lieux du secteur… 

 

C’est un euphémisme, l’avenir ne s’annonce pas rose pour les entreprises wallonnes de l’aérospatial, dont les carnets de commandes sont vides et les chiffres d’affaires en chute libre. Que fait concrètement Skywin pour les soutenir ? 

Le Covid et la crise mondiale qui s’en est suivie a touché et touche encore profondément nos entreprises, c’est exact. Dès le printemps 2020 elles ont, à l’instar des autres secteurs, pu bénéficier des aides « Covid » tels le chômage temporaire et les moratoires sur les crédits. Au niveau du secteur plus spécifiquement la réponse vient en deux temps… Mais d’abord, un constat : si les entreprises wallonnes subsistent dans le paysage aérospatial mondial, où elles font mieux que se défendre, c’est grâce à leurs technologies, technologies produit et technologies process. Et si ces entreprises perdent leur savoir-faire, elles risquent de disparaître rapidement… Ce qui explique la première réponse : le gouvernement wallon a débloqué, à travers le Partenariat d’Innovation technologique (PIT), une aide de 40 millions d’euros afin de garder les acteurs de l’innovation et ainsi sauver la recherche et développement aéronautiques en Wallonie. Le but est de maintenir sa place sur l’échiquier mondial et, au travers de thèmes techniques mutualisés, de développer des compétences dans l’aviation « verte ». Une difficulté transformée en opportunité… 

Seules les entreprises disposant de chercheurs sont concernées…

Effectivement, cette première réponse ne concerne que les sociétés actives dans la R&D, et n’adresse que cette dimension dans l’éventail des difficultés rencontrées par les entreprises. La seconde réponse touche elle l’ensemble des difficultés et l’ensemble des entreprises. Les Entreprises wallonnes de l’Aéronautique (EWA), l’Union wallonne des Entreprises (UWE) et Agoria se sont associés, avec l’imprimatur du gouvernement wallon, afin de mettre en place un système d’accompagnement, en collaboration proche avec les acteurs économiques de la région : l’Awex, la SRIW, la Sowalfin, la Sogepa, la Sofinex et bien entendu Skywin… 

Les entreprises ne connaissent-elles pas déjà ces structures ? 

Oui, mais ce sont des matières complexes et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. De plus, ces acteurs peuvent apporter de la créativité… Lors de la première vague du Covid, des entreprises de l’aéronautique, grandes ou petites, se sont lancées en quelques jours dans la production de matériel médical, parce que les technologies étaient proches. De même, le spatial travaille énormément sur les problèmes énergétiques, des compétences qui pourraient servir en dehors du secteur stricto sensu. Ce sont ces opportunités que les acteurs économiques peuvent également apporter. Par exemple, l’Awex, à travers ses experts et son réseau, pourrait aider à définir de nouveaux marchés dans le médical… Et nous faisons du sur-mesure : chaque entreprise sera traitée individuellement, selon ses besoins spécifiques.  

Pratiquement, comment cela se passe-t-il ? 

Mi-décembre 2020 une réunion en visioconférence a permis aux acteurs institutionnels précités de (re)présenter aux PME du secteur leur offre en matière d’aides financières, d’aide à la formation, d’aide à l’innovation et à l’investissement, de support à la diversification ou à la réorientation stratégique, etc… En cette première semaine de janvier, les animateurs et experts des associations et institutions ont rencontré en individuel six entreprises. Au-delà du spécifique à chaque société, des mesures génériques apparaissent, comme la nécessité de financer l’innovation process voire organisationnelle au même titre que l’innovation produit, ou encore la formalisation et la mise à disposition facilitée des savoirs des institutionnels en potentiel de diversification sectorielle ou marchés. Cette expérience va se poursuivre et se développer au regard de l’attente des entreprises. Avis aux amateurs, n’hésitez surtout pas à nous contacter… 

 

Dynamisme, collaboration, innovation

 

Vous avez occupé jusqu’au 31 décembre la présidence des présidences des pôles de compétitivité. Quel regard global posez-vous sur le principe-même des pôles ? Après une quinzaine d’années, gardent-ils leur pertinence ? 

Oui, sans hésitation. Pour preuve, quelques chiffres : l’emploi a augmenté de 13% dans les entreprises des pôles, alors qu’il baissait de 11% dans l’ensemble de l’industrie wallonne ; et la valeur ajoutée dans les sociétés des pôles a crû de 51%, pour 4% dans l’industrie globale. Une croissance supérieure de 50% à la moyenne des entreprises wallonnes est d’ailleurs un de nos objectifs. Un petit millier d’entreprises participent aux processus des pôles, dont 90% de PME, et plus de cent-quatre-vingts universités, hautes écoles ou centres de recherche. Depuis le début des pôles, 442 projets ont été labellisés et 235 brevets déposés… Les secteurs des pôles n’ont pas été choisis au hasard ; ils reflétaient et reflètent toujours les points forts de la Wallonie. C’est normal qu’ils gardent leur pertinence…

A part ces points forts initiaux, comment expliquer le succès des pôles ? 

Les pôles sont en fait des « accélérateurs d’innovation », et même des « accélérateurs d’innovation collaborative » : ils identifient les besoins et coalisent les énergies… Ils mutualisent les moyens et les ressources, ils provoquent les rencontres improbables et les consortiums innovants. Tous les acteurs sont concernés, de la TPE à la Grande entreprise. Les pôles sont des écosystèmes dynamiques. L’innovation collaborative fait travailler ensemble des structures qui ne se connaîtraient pas, ne se croiseraient pas autrement. Dynamisme, collaboration, innovation ; voilà la clé du succès. 

Globalement, comment les pôles traversent-ils la crise liée au Covid ? 

Malgré la crise, les entreprises ont continué à déposer des projets au cours de l’année 2020. Cela signifie que le dispositif fonctionne donc toujours bel et bien et que les entreprises continuent à avoir et à vouloir faire émerger des projets innovants qui leur permettront de se démarquer. Nous avons tous pris le pouls auprès de nos membres ; il en ressort que ceux-ci attendent des pôles de poursuivre un travail de réseautage, surtout à l’international, afin d’identifier des partenaires et des opportunités de business. L’international est évidemment primordial… Prenons l’exemple de l’aérospatial : la représentation du secteur au salon du Bourget a doublé en douze ans, grâce aux actions de sensibilisation de Skywin en collaboration avec l'Awex avant et pendant le salon. Nous avions plus de cinquante-cinq représentants lors du dernier salon, ce qui fait que la Wallonie à elle seule s’est retrouvée dans le top dix mondial des pays présents au Bourget...

 

 

Articles de L'Echo

https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/wallonie/les-poles-wallons-en-premiere-ligne-pour-la-relance/10273899

https://www.lecho.be/entreprises/defense-aeronautique/la-wallonie-veut-sauver-ses-pme-du-secteur-aeronautique/10273047

 

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