Les invités du mois : Emilie Hilt et Thierry Chantraine, nouvelles recrues de Skywin

 

Tout d'abord Émilie Hilt qui, après quinze années de missions de communication et de développement de projets dans des administrations locales, rejoint le pôle afin de gérer les divers aspects de la communication structurelle ainsi que l’organisation des événements de Skywin...

Ensuite Thierry Chantraine... Cet ingénieur aéronautique de l’ULiège a roulé sa bosse chez Safran Aero Booster, Pratt & Whitney et au CSL avant de mettre ses compétences au service de Skywin, dans la fonction de directeur adjoint Innovation - Projet - Formation.

Originaire de Nivelles, où elle effectue sa scolarité au collège Sainte-Gertrude avant de rejoindre la haute école Condorcet pour un baccalauréat en Communication, Émilie Hilt s’installe à Pont-à-Celles, commune de son mari. C’est là non seulement qu’elle fonde sa petite famille – elle a deux enfants de 12 et 14 ans – mais également qu’elle fourbit ses premières armes professionnelles… Elle gère la communication interne, externe ou digitale d’une série de structures locales. Soucieuse de toujours s’améliorer, elle a d’ailleurs parfait sa formation par un certificat universitaire en Communication digitale et a atteint un niveau européen B2 en anglais. Un certificat suivi par des formations plus pratiques (InDesign, Photoshop…). « C’était très utile pour mon travail à la commune où rien n’existait en termes de com, précise Émilie. Il a fallu installer un site internet, lancer un magazine communal, gérer les réseaux sociaux… C’était très intéressant, mais à un moment je suis arrivée au bout de ce qui était possible de développer. Et j’ai eu envie de sortir de ma zone de confort pour relever d’autres défis. Et me voici à Skywin » sourit cette passionnée de yoga, qui a récemment couru les 20 km de Bruxelles en deux heures et quinze minutes… 

Son nouveau collègue Thierry Chantraine a quant à lui la Principauté chevillée au corps… « Ma famille est très liégeoise mais mon père se déplaçait beaucoup, donc on a beaucoup déménagé. Nous avons longtemps vécu à Genève. Assez vite, il était évident que je me dirigeais vers des études d’ingénieur. Après mon bac, j’étais à cheval sur trois pays : la France avec une filière un peu particulière au niveau de l’ingéniorat ; la Suisse avec des facultés polytechniques qui n’étaient pas encore vraiment réputées à l’époque, à part Zurich mais il fallait parler l’allemand, ce dont j’étais incapable ; et la Belgique… Et je suis rentré mener mes études à Liège. »

Et dans les diverses filières possibles, l’aérospatial s’impose naturellement… « Ce domaine m’a toujours attiré. Je me suis nourri enfant de la conquête spatiale, avec l’atterrissage sur la lune, que j’ai regardé comme le monde entier à la télé quand j’avais neuf ans. Assez logiquement, ma carrière s’est orientée vers le spatial » Une véritable passion, qui le pousse même à présenter le concours d’astronaute à l’ESA… « J’ai commencé la formation, que j’ai dû arrêter parce que je devais partir pour mon employeur un mois au Brésil… J’avais envie de le faire, même si je savais au fond de moi que je n’irais pas jusqu’au bout. Tout simplement parce que l’espace était et reste mon rêve. » Et par ricochet la science-fiction. Thierry écrit lui-même, et a vu une de ses nouvelles publiées dans la revue Galaxies« J’ai toujours pensé qu’à la retraite, je me consacrerai à l’écriture. Mais j’en suis encore très loin » sourit l’ingénieur. Heureusement, il peut déjà assouvir ses autres passions, comme la cuisine, le vin et le ski, sans attendre sa retraite. La photo aussi. En fait, ce qui l’intéresse est de « créer quelque chose de beau. Même dans mon métier : un ingénieur est là pour créer quelque chose, pour imaginer, pour faire rêver. »

De Techspace au CSL en passant par Pratt

Plus prosaïquement, Thierry rejoint en 1991 ce qui était encore la FN Moteurs, avant de devenir Techspace Aero puis Safran Aero Boosters. « Je suis arrivé juste après leur rachat par Snecma, alors que la société avait frôlé la faillite. Le contexte était assez délicat, mais c’est vite devenu une success story. » Il restera seize ans à Techspace. Puis il passe chez Pratt où il dirige la filiale belge de réparation et de maintenance des moteurs, essentiellement ceux du F16. « Les Américains m’ont trouvé beaucoup trop liégeois et pas assez américain… Impossible pour un Liégeois d’être un believer » rigole Thierry. 

Après trois ans, notre invité change de cap, et rejoint le Centre spatial de Liège comme directeur général en juillet 2011… « J’ai eu la grande chance de diriger le CSL. C’est un outil fabuleux. C’est un endroit où nous faisions de la science appliquée de niveau mondial. Le CSL n’est d’ailleurs pas assez mis en valeur, je trouve. » Il avait été engagé pour optimiser la gestion du centre. « Mais c’est une structure difficile à gérer. Quand je suis parti, le CSL était à l’équilibre financier ; nous gagnions de l’argent, nous avions engagé une vingtaine de personnes et nous rapportions de l’argent au fonds de la recherche. Le bilan était plutôt bon, mais à ce moment ma vision stratégique et celle de l’université pour que le centre continue à être performant n’étaient plus alignées. J’avais une vision sans doute trop industrielle qui ne s’accordait pas très bien avec une vision universitaire » sourit Thierry, sans la moindre amertume.

Après avoir travaillé pour de grosses structures, Thierry fonde sa propre société de consultance et de management avec son épouse, active dans les RH. Les deux sont éminemment complémentaires : le lien entre gestion de projets et compétences humaines pour les mettre en route est évident. Thierry intervient directement en entreprise comme formateur ou manager de transition. « Et je donne cours de Gestion de projets aux HEC. De plus en plus d’acteurs du public viennent suivre ces formations. Je me demande s’il n’y a pas moyen de déployer des programmes spécifiques pour ces acteurs locaux qui ont envie de développer des projets mais ne savent pas comment faire. On ne s’improvise pas gestionnaire de projet. »

Des propos qui interpellent Émilie… « Je suis tout à fait d’accord. Dans le cadre de mon boulot précédent, je me souviens d’avoir travaillé deux mois intenses pour décrocher un subside de 35.000 euros, dans le cadre de Digital Wallonia. Puis on a arrêté le projet par manque de temps, mais surtout de compétences humaines en interne. Et personne ne pouvait nous soutenir de l’extérieur, ce que je regrettais. Nous nous sommes retrouvés déçus de n’avoir pas pu mener à bien le projet. C’est une des raisons qui m’ont donné envie de changer d’air. Il y a un décalage entre le temps du privé et le temps du public, qui peut s’avérer frustrant. »

Formation et communication

« L’administration publique regarde parfois le privé avec envie, reprend Thierry. Souvent, des acteurs du public me disent qu’ils aimeraient avoir des managers du privé pour les mener, mais en même temps ils en ont peur ». Émilie confirme : « Le changement fait peur. » Thierry poursuit : « Le changement, mais aussi la vitesse et l’exigence. Je le vois dans mes formations en accompagnement de projet. Les étudiants provenant du secteur public ne sont pas toujours à l’aise quand on réalise des exercices ou des analyses de cas issus du secteur privé. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Au contraire, je crois qu’il y a quelque chose à creuser dans cet apport du privé au public. »

Plus précisément, les cours de Thierry aux HEC concernent un master complémentaire en gestion du changement. La plupart des gens qui s’y inscrivent viennent de la fonction publique : SPW, SPF… « On sent que le public a un besoin considérable de ce genre de formations mais quand ces agents suivent ces cours, ils ne réagissent pas comme des étudiants classiques ou des étudiants qui ont une expérience dans le privé. Et nous devons nous adapter. C’est par ce biais qu’on peut professionnaliser la culture du changement dans la fonction publique » avance Thierry.

On le voit, la formation est une autre passion chez l’ancien cadre de SAB. Et la formation fait partie intégrante de sa fonction chez Skywin… Avec de nouveau une vision dynamique : « Les besoins sont là, mais le principe est un peu figé pour le moment. On va voir… Et HEC pourrait apporter une vision différente de ce qu’on a l’habitude de voir. Au-delà des formations techniques qui sont indubitablement nécessaires, je pense qu’il serait intéressant de mettre en place pour nos membres (et en particulier les plus petites structures) des formations plus axées sur le marché, sur tout ce qui fait tourner la machine derrière l’aspect technique. Quand on travaille dans la recherche, dans la technique, on n’a pas toujours conscience de la nécessité de la gestion, du commercial… Une entreprise, c’est un ensemble » réfléchit celui qui a également décroché un diplôme de cycle supérieur de Management de l’Ichec.

Une grosse vingtaine d’années séparent les deux nouvelles recrues de Skywin. Une richesse selon l’aîné : « A partir d’un certain âge, on perçoit une forme de décalage. Les jeunes arrivent avec des idées de techniques ou de management différentes. On comprend plus ou moins, mais ce qui est certain, c’est que l’expérience est primordiale. Quand on a vécu beaucoup de situations professionnelles, on peut éviter aux jeunes de faire des erreurs, de tomber dans les mêmes ornières. Cette idée de transmission est pour moi très importante. Dans cet ordre d’idées, entrer chez Skywin est pour moi une forme d’aboutissement. Je suis très enthousiaste. C’est vraiment ce dont j’avais besoin à ce stade de ma carrière. »   

Faire grandir les PME

L’essentiel des membres de Skywin sont des PME, qui présentent deux points d’attention selon nos invités. Le premier est l’accompagnement dans le montage de projets à travers les démarches administratives ou « politiques » – savoir où sont les acteurs importants – surtout pour les jeunes PME. Pour certains, cet aspect administratif représente une montagne infranchissable. « C’est frustrant. Du côté public, on se demande pourquoi les entreprises ne participent pas plus aux différents programmes ; du côté de PME, on a peur de s’engager dans une paperasse qui va vous engloutir » détaille Thierry. Le second point est que les PME doivent grandir pour devenir des acteurs importants dans leur domaine. Les acteurs publics affichent aujourd’hui une volonté de faire grandir les PME. « Or le Wallon est prudent, et présente plus un caractère défensif qu’offensif. La crainte est que quand une entreprise grandit, le patron doit déléguer plus, et pour ce faire doit créer des structures. Un accompagnement en termes d’organisation de la société peut s’avérer fort nécessaire. On ne gère pas une boîte de dix personne comme une de cent travailleurs ; il faut l’accepter » explique Thierry. Cette progression est intéressante à accompagner, et entre dans les nouveaux objectifs de scaling up de Skywin. « La méthode ’licorne’ avec des entrepreneurs qui rêvent de faire une énorme levée de fonds en bourse et vendre leur entreprise n’est pas le but à poursuivre. Il faut aider les entreprises à grandir en préservant leur âme et l’ancrage local du pouvoir de décision » ajoute Thierry. 

L’apport d’Émilie sera ici primordial. La volonté est de renforcer la communication du pôle dans le but notamment des créer plus d’interactions entre lui et ses membres, notamment sur des sujets comme la formation et le scaling up. 

Pour Thierry la communication est essentielle… « Au niveau de ma société, on s’est vraiment posé la question de savoir comment toucher les personnes et les marchés qu’on voulait toucher. Évidemment, nous avons notre réseau historique, et il est important, mais la maîtrise des canaux actuels, très différents de la com d’il y a vingt ou trente ans, est devenue essentielle. Je suis convaincu que beaucoup de start-ups ont besoin d’avoir des conseils en termes de com. Pas simplement dire ‘vous devez être sur LinkedIn’, mais aider à choisir le bon canal, la bonne photo… Le support de gens qui connaissent les RS est très important. »

Émilie ne peut qu’abonder dans le même sens… Et ajoute que « les réseaux sociaux sont parfois des portes d’entrée entre les entreprises. C’est impossible pour elles de se passer des RS aujourd’hui. Mais il faut trouver une stratégie, et un équilibre sur ce qu’on veut communiquer. En partant d’un positionnement et d’objectifs clairs pour ne pas communiquer dans tous les sens. »

Avec ces deux renforts emplis d’envie et de dynamisme, Skywin ne peut qu’encore progresser au service de ses membres… 

Arnaud COLLETTE

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