L’invitée du mois : Agnès Grandjean, nouvelle responsable International de Skywin

L’invitée du mois : Agnès Grandjean, nouvelle responsable International de Skywin

Le 1er octobre, Agnès Grandjean rejoindra l’équipe de Skywin, prenant en charge les aspects internationaux, en remplacement de David Praet parti vers de nouveaux horizons. Habituée des défis, l’actuelle responsable du programme Galileo – entre autres – chez Belspo souhaitait réorienter sa carrière vers une fonction encore plus axée sur le monde des entreprises.

La première impression qui s’impose quand on rencontre Agnès Grandjean est qu’elle déborde d’énergie… La preuve par la sémantique : le mot qui reviendra le plus souvent lors de l’échange est « défi ». Et effectivement, des défis, cette native de Waterloo, qui a passé toute sa jeunesse à Namur avant de revenir se fixer à Louvain-la-Neuve après des études de sciences économiques appliquées à l’UCLouvain (IAG à l’époque ; Louvain Business School à présent), s’en est lancé quelques-uns, qui ont rythmé une carrière à la fois riche et cohérente.

Après ses études, Agnès Grandjean rejoint l’Office des voies navigables, à Liège. Mais l’envie d’apprendre revient vite et elle se lance, logiquement, dans un DES en gestion des transports organisé entre les universités UCLouvain, ULiège, ULB et Fucam. Un DES qui la mène à Belspo, plus précisément dans les programmes de recherches liés au transport, avec un focus sur le développement durable. En fait, le développement durable est très présent à Belspo, à cheval sur l’alimentation, le réchauffement climatique stricto sensu et bien sûr les transports. Une période très intéressante, même si elle regrette un peu que la théorie prenne trop souvent le pas sur la pratique.

« C’est à cette époque que nous avons mené les premières études sur la mobilité des ménages. Et petit à petit, nous avons géré cet aspect dans le 4ème programme-cadre de l’Union européenne, qui s’est étalé de 1994 à 1998 » détaille Agnès Grandjean. Puis se dessine le 5ème progamme-cadre (1998-2002) avec une nouveauté qui va sérieusement influencer la carrière de notre invitée : Galileo… « Galileo était, et est toujours, géré par la DG Transport. Dans ce cadre, j’ai eu la chance de découvrir ce nouveau programme. C’est mon premier contact avec le monde du spatial. Belspo avait également un service spatial évidemment, dont la cheffe de service, Mme Wagner, m’a proposé de suivre également les programmes de l’ESA. Ce qui avait une certaine logique, puisque je suivais déjà ceux de la Commission. Puis j’ai été transférée définitivement au service spatial quand une place s’est libérée. J’ai continué à suivre Galileo avec un collègue à travers le programme GSTP (General Suppport Technology Programme). Mon collègue est parti et j’ai repris entièrement Galileo à ce moment. Ça fait vingt ans maintenant... » se souvient Agnès Grandjean.

Mais ce changement, ou plutôt cette progression dans sa carrière ne suffit pas à Agnès Grandjean, qui se lance de nouveaux défis… « J’ai toujours eu envie d’apprendre. Au début des années 90, après mon diplôme et mon DES, je m’étais calmée au niveau des études. Mais il y a une vingtaine années, lors d’un mois de juillet pluvieux, alors que je prenais un café à la cafeteria de Belspo – alors toujours rue de la Science – j’ai repéré un DES en management public à Solvay. Je m’ennuyais, il faisait moche, alors j’ai repris des études. C’était une formation assez conséquente, sur une année. Je n’avais pas encore d’enfant ; je me suis lancée… Une année formidable, surtout au niveau des rencontres. La formation était suivie par des gens de tous horizons. Puis je me suis à nouveau calmée » rigole Agnès Grandjean. Du moins jusqu’à mai de cette année, quand elle suit une formation dédiée à l’espace, la sécurité et la défense – « en ligne, malheureusement » – à l’Université de Nice, à Sophia Antipolis.

Parallèlement à Galileo, Agnès Grandjean suit à Belspo le dossier IPC (Industrial Policy Committee) de l’ESA et surtout, depuis quatorze ans, celui des lanceurs : « on était alors dans l’exploitation d’Ariane 5 et on finalisait le programme Vega. A côté de ça, je m’occupe des relations bilatérales avec la France, essentiellement dans le cadre de l’observation de la Terre. Et je gère également la participation de la Belgique au programme CSO Musis, un programme d’observation militaire développé par la DGA en France avec le Cnes et certains pays européens dont la Belgique. »

Avec un tel parcours, Agnès Grandjean ne présente-t-elle pas un profil trop spatial pour Skywin, dont la grande majorité des entreprises sont plutôt tournées vers l’aéronautique que vers le spatial ? Notre invitée n’élude pas la question… « Oui, peut-être qu’on va me catégoriser trop spatiale. Mais justement, c’est ça qui est intéressant : j’ai des connaissances dans le spatial et je les utiliserai évidemment, mais je vais m’impliquer dans l’aéronautique qui présente à mes yeux des enjeux plus larges, ne serait-ce que parce que le chiffre d’affaires est beaucoup plus important dans ce secteur, qui draine également beaucoup plus d’industriels. Même si le spatial reste très important en Wallonie. De plus, à Belspo, j’ai également géré le programme Airbus. C’était l’époque où nous avions mis en place un groupe de travail avec l’Économie, le Flag, le Bag et l’EWA. On a discuté l’extension des aides octroyées par la Belgique aux programmes aéronautiques. L’idée était d’élargir les aides Airbus à l’ensemble des programmes de développement ». Un projet qui restera dans des cartons…

Reste à savoir pourquoi quitter Belspo pour Skywin, même si le profil de la nouvelle responsable international du pôle le laisse deviner… « Quand on travaille vingt ans sur un programme, on s’installe dans une routine, c’est inévitable. On sait quand un problème survient comment les choses vont s’articuler, vont s’arranger. Il n’existe plus de découvertes, plus d’apprentissages, même si on apprend toujours. Au niveau des lanceurs également, on se retrouve dans les mêmes styles de problèmes d’exploitation qui occultent un peu la recherche et c’est un peu dommage. Une routine s’installe, que j’avais envie de casser. Et surtout j’avais envie de me mettre plus au service des industriels. Mais attention, je pars en excellents termes avec Belspo, et je dispose du mois de septembre pour organiser le plus efficacement possible ma succession. » Le 1er octobre, Agnès Grandjean rejoindra donc officiellement l’équipe de Skywin. Pour un nouveau défi.

Arnaud COLLETTE

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