La Wallonie à l'aide du secteur aéronautique

La Wallonie à l'aide du secteur aéronautique

Le gouvernement de Wallonie, sur proposition du ministre de l’Économie et de la Recherche Willy Borsus, a décidé de lancer un partenariat pour une industrie aéronautique wallonne ambitieuse et durable. Une subvention de 41,42 millions d’euros sera dégagée pour couvrir les 18 premiers mois de recherche. Il s’agit d’un projet structurant s’inscrivant dans une réflexion long terme de soutien à la recherche. 

Si la crise du Covid-19 a un impact majeur sur toute l’économie du pays, elle a eu des effets immédiats sur tout le secteur aéronautique, avec l’arrêt des vols à hauteur de 80%. L’aéronautique, déjà impactée dès 2019 par le maintien au sol de Boeing B737 Max, figure donc très certainement parmi les des secteurs les plus touchés par cette crise, à côté de l’événementiel, du tourisme et de la culture.

Avant la crise, le marché de l’aéronautique connaissait une croissance de 4,6% chaque année et les spécialistes prévoyaient, entre 2020 et 2030, une production de 22.000 nouveaux avions, notamment pour remplacer les avions devenus trop anciens et trop polluants. 

Avec la crise, les acteurs wallons prévoient deux années à venir très difficiles, ainsi qu’une réduction de 25 à 50 % d’activité sur les 10 prochaines années. « Notre industrie technologique de l’aéronautique est menacée et a besoin de mesures importantes pour assurer sa survie et sa transition », précise le ministre Willy Borsus.

De plus, le secteur de l’aéronautique devra, lui aussi, atteindre les objectifs environnementaux européens, c’est-à-dire une neutralité carbone en 2050. C’est dans ce contexte que les motoristes mettent en place des feuilles de route technologiques ambitieuses et comportant des éléments de recherche de rupture pour accélérer cette transition.

Et en Wallonie ?

Le secteur wallon de l’aéronautique est composé principalement de PME s’articulant autour de quelques grandes entreprises. Ces PME sont directement touchées par la crise. En outre, lorsque les grandes entreprises sont confrontées à de telles difficultés, inévitablement, ce sont aussi toutes les PME faisant partie de l’écosystème gravitant autour de ces sociétés qui sont inévitablement très fortement impactées.

Avec la crise, certaines grandes entreprises ont dû mettre 30% à 50%, voire au-delà, de leur personnel au chômage, y compris parmi les ingénieurs et les techniciens de haut niveau. Les investissements et les dépenses de R&D ont été significativement réduits. Il y a dès lors un risque majeur d’exode de ce personnel hautement qualifié vers d’autres secteurs ou vers l’étranger. Ce risque avéré est estimé très élevé pour la viabilité des entreprises.

La crise du Covid-19 est un véritable cataclysme, mais elle peut aussi être considérée partiellement comme accélérant la mise sur le marché d’avions de nouvelle génération, plus respectueux de l’environnement.  

C’est pourquoi le gouvernement a décidé de lancer un projet de recherche, très ambitieux en termes technologiques et de développement durable, regroupant les principales sociétés de l’aéronautique actives dans la recherche en Wallonie. Ce projet rassemble notamment les trois grandes entreprises suivantes : Safran, Sonaca et Thales.

Pour le ministre Borsus, « ce projet constitue une réelle opportunité pour le secteur aéronautique wallon de figurer dans le wagon de tête d’une industrie plus respectueuse de l’environnement, entouré de l’écosystème constitué de PME déjà actives dans la recherche en aéronautique (telles que GDTech, Any-Shape, V2i, MSC Software Belgium, Rovitech… ), et des centres de recherche agréés (Cenaero, Sirris, CRM, Multitel…). »

Contexte du projet

Afin de respecter les objectifs de décarbonisation, les industries du continent vont devoir se tourner vers des technologies de rupture pour concevoir des produits capables d’infléchir les prévisions d’émissions de CO2. C’est l’ensemble de l’aéronef qui est en cours de refonte complète, tant d’un point de vue du système propulsif que de l’architecture même des avions (aérostructure ultralégère).

Dans une seconde phase, ce sont les nouveaux systèmes d’énergie qui seront intégrés, comme l’hybridation électrique potentiellement couplée à la propulsion distribuée et l’utilisation de nouveaux carburants décarbonés. Outre, l’aspect réduction des émissions de CO2 induite par ces ruptures technologiques, l’empreinte écologique de la totalité du cycle de vie des produits devra être optimisée, tant lors de leur conception que pendant leur fabrication et leur utilisation, mais également lors de leur retrait. 

En même temps, nos entreprises et usines devront aussi se doter de technologies innovantes pour produire, en consommant moins d’énergie, en utilisant moins de matière première, en émettant moins d’éléments pollués ou polluants, en facilitant et en valorisant les tâches du personnel, tout en améliorant la compétitivité économique des services et des produits.

Objectif du projet

L’objectif du projet est donc d’établir les bases technologiques indispensables pour soutenir le secteur aéronautique wallon dans cette transition écologique pour ces trois prochaines années.

Pour atteindre les objectifs globaux de « frugalité énergétique » et de « neutralité carbone », le consortium a ciblé des thématiques majeures et défini six tâches techniques :

  • WP1 : Aéro-Structures (Sonaca)
  • WP2 : Propulsion (Safran)
  • WP3 : Systèmes de communication (Thales)
  • WP4 : Matériaux et Procédés
  • WP5 : Digitalisation et simulation numérique
  • WP6 : Industrie 4.0

Une évaluation du projet sera réalisée après la période de dix-huit mois. D’autres mesures sont à l’étude avec Skywin afin de soutenir le secteur en cette période difficile… 

Secteurs
aero