Portrait du mois : Patrick Mascart, de ID2Move

CapInnove vient de lancer à Nivelles, en collaboration avec l'ULB, un incubateur dédié aux drones, ID2Move.  L'occasion de rencontrer son manager, un passionné au parcours plutôt original.  En effet, Patrick Mascart vient du monde de l'image. Et c'est à travers l'image qu'il arrive aux drones, dont il devient un des acteurs clés en Belgique, notamment en élaborant la législation en la matière. 

 

Si Patrick Mascart voit le jour en 1981 à Bruxelles, à Uccle plus précisément, il rejoint rapidement Ottignies et le Brabant wallon pour ne plus le quitter. Ce qui ne l’empêche pas de beaucoup voyager dans sa jeunesse, avec ses parents. Des voyages qui lui donnent le goût des langues, et c’est naturellement qu’il se lance dans des études faisant la part belle à l’anglais, le néerlandais et l’espagnol… 

Une autre passion anime Patrick Mascart, héritée des ses père et grand-père : la photographie. Il entreprend donc des études de photo, à l’Inraci. Mais la scolarité, ce n’est pas trop son truc, et il passe rapidement dans l’enseignement en alternance, à l’IFAPme. Il débute comme stagiaire dans une agence de presse. « Ce qui m’a lancé dans le monde entrepreneurial, puisque je suis devenu photographe indépendant » précise-t-il. Sa spécialité ? La photo institutionnelle. « Je me suis inspiré de ce qui se passait aux Etats-Unis. En effet, la photo institutionnelle et la photo ‘corporate’ sont des principes arrivés fort tard en Europe. Prendre conscience qu’une photo peut apporter un plus dans une communication corporate n’était pas évident sur le Vieux Continent. Tandis que les USA avaient déjà ce culte de l’image propre, léchée… » Il complètera toutefois son cursus par un certificat en gestion à l’Ichec. 

Lancé dans le monde professionnel, Patrick Mascart crée Scorpix, une société de production audiovisuelle – toujours active – et remporte quelques appels d’offres du côté de la Commission européenne et de l’Europe des Régions. « Mais avec l’essor du numérique, tout le monde a commencé à faire soi-même des photos dans les entreprises, des graphistes aux secrétaires. Ce qui ne coûte rien. Cette concurrence devenait intenable. Il fallait me diversifier, et j’ai commencé à m’intéresser au drones… »

A l’époque, en 2012, il n’existe pas de formation spécifique pour piloter un drone. Du moins en Belgique. Peu importe, cap sur Aix-en-Provence et le Cema, un centre d’expertise, pour une formation de deux semaines. « Fan de jeux vidéo, je me disais que ça allait aller sans soucis, mais pas du tout. Voler avec un drone dans un endroit clos, c’est très perturbant et épuisant au début, et je me suis un peu cassé les dents. Cinq heures de formation quotidiennes. A la fin de la journée, nous étions lessivés… »

Après sa formation, le jeune entrepreneur achète son premier drone. Pour un prix excessivement élevé. Et on nage dans le flou juridique, puisque l’utilisation de drones est illégale mais tolérée. Du moins jusqu’aux premiers incidents à l’aéroport d’Anvers. Le politique décide d’encadrer l’utilisation de ces engins. Le milieu se structure. Et apparaît BeUAS, une asbl qui deviendra la fédération belge des pilotes de drones. Une structure très flamande, l’essentiel des entreprises du secteur se trouvant dans le nord du pays. Patrick Mascart en devient le vice-président et trésorier, puis le président. Un poste qu’il vient d’abandonner – tout en restant membre actif – pour se consacrer à ses projets. 

Durant ses mandats, il s’intéresse évidemment aux réglementations… « Nous avons beaucoup travaillé avec Jacqueline Galand sur un arrêté royal régissant l’utilisation des drones. Elle a signé le jour de sa démission. C’était le soulagement dans le milieu ; on avait enfin une législation. » Mais ce n’était que le début… « Il fallait passer une licence. La DGTA a commencé par désigner des instructeurs, dont moi vu l’expérience accumulée pendant des années. On avait un an pour remplir toutes les démarches. J’ai travaillé comme instructeur pour Espace Drone. On se mettait en règle tout en donnant des formations. »

Depuis, le secteur s’est bien développé… « Ce qu’on remarque, c’est que le métier de pilote de drone a déjà beaucoup évolué. Et arrive déjà à saturation. Il y a un millier de pilotes en Belgique. C’est beaucoup. Et pourtant beaucoup abandonnent en cours de route, notamment à cause de l’obligation de se mettre constamment à niveau en termes de matériel. On doit renouveler son matériel tous les six mois, un an maximum. Et les donneurs d’ordres suivent les avancées technologiques et exigent de leurs prestataires d’être au top. »

Un jour de mars 2018, Patrick Mascart rencontre Augustin Wigny, de Caméléon, qui est mandaté par CapInnnove pour déterminer deux nouvelles niches de développement, avec l’appui de l’ULB. Ces deux niches, ce seront les systèmes autonomes et le new food. Soit ID2Move d’un côté et ID2Food de l’autre… « On se voit régulièrement jusqu’octobre 2018. Je lui fait bénéficier de mon carnet d’adresses, on partage des infos. C’est à ce moment que je commence mon boulot de consultance pour ID2Move, à raison de trois jours par semaine. » Il met alors de côté son job d’instructeur pour mieux se consacrer à ce nouvel incubateur. 

En février 2019, ID2Move est officiellement porté sur les fonts baptismaux. Patrick Mascart passe à quatre cinquième temps, et un collaborateur est engagé : Philippe Pierret, un pilote de classe 1 lui aussi, qui s’occupe particulièrement de la gestion des espaces de vol intérieurs et extérieurs ainsi que de l’atelier de prototypage. 

ID2Move bénéficie d’une zone aéronautique privée de quelque 606 hectares. Et dispose d’un bâtiment de 5000 m2, dont seulement 1500 m2 sont utilisés… « On a décidé de limiter le nombre d’entreprises dans l’incubateur en attendant la rénovation complète du lieu. Donc pour le moment nous avons cinq entreprises incubées : Look4drone (production audiovisuelle), DeltaCopter (formations spécifiques), Qualitics (IA dans la maintenance des lignes à haute tension) et l’ULB, qui dispose d’un espace dont la particularité est d’être ouvert à toutes les facultés de l’université : ingénieurs évidemment, mais également le droit, la philosophie… »  

Il faut rappeler que ID2Move n’est pas seulement dédié aux drones, mais concerne tous les systèmes autonomes. Toutefois, les drones occupent pour le moment 75% de l’activité, et plus particulièrement les applications et les services plutôt que la machinerie. Une autre branche d’importance concerne les véhicules autonomes, l’interaction entre des drones, des voitures, des bateaux, des sous-marins autonomes. Le domaine est très vaste. Et Patrick Mascart augure que « les secteurs autres que celui du drone vont prendre de l’importance. Nous n’avons pas communiqué sur ces autres domaines, ce qui explique peut-être que nous n’ayons pas encore reçu de marques d’intérêt. Mais nous allons développer ces axes. »

Avis aux amateurs, une société n’est pas obligée d’être présente physiquement dans l’incubateur. Elle peut être membre et profiter des infrastructures quand elle en a besoin, comme l’atelier de prototypage ou les espaces de vols. 

Autre diversification, l’ULB ne devrait pas rester la seule université présente sur le site… « Nous sommes ouverts à toutes les universités. Nous venons d’organiser une conférence interuniversitaire, le 7 juin. Toutes les universités francophones étaient présentes, plus la KUL et Vives. Skywin et Skeyes étaient présents aussi. Et le réseau Lieu (Liaison Entreprises-Universités, qui regroupe les interfaces et cellules de valorisation des universités francophones) nous a bien aidés. »

Alors, le ciel est dégagé et l’avenir rose pour le secteur des drones en Wallonie ? « On se développe bien, mais on s’y est pris un peu tard. La Flandre par exemple a démarré plus vite. Mais on remarque que beaucoup d’entreprises ou de structures étrangères viennent nous voir pour développer des partenariats avec des universités ou des entreprises wallonnes. La Chine s’intéresse notamment au projet, à travers le CBTC. Les demandes sont nombreuses. » En fait, l’aspect international est primordial. ID2Move l’a bien compris, et a participé au troisième congrès international sur les drones à Shenzhen en mai : « Nous nous y sommes rendus avec les entreprises déjà présentes dans l’incubateur. Celles-ci ont eu l’occasion de présenter ce qu’elles développaient. Franchement cette mission a été un immense succès. Grâce à l’Awex, qui nous a énormément aidés alors que nous sommes arrivés fort tard dans le processus. »    

Si l’international est une obligation pour un pays comme le nôtre, une petite taille peut aussi présenter des avantages aux yeux de Patrick Mascart : « l’avantage de la Belgique, c’est sa petite taille. Si vous voulez accueillir un projet qui demande des tests en milieu maritime, les promoteurs sont à une heure de la mer ; en milieu urbain ou semi-urbain, ils n’ont que l’embarras du choix ; en milieu agricole, pas de problème non plus… » Dans ce cadre, une harmonisation des législations serait hautement appréciable. Ce sera pour juillet 2020, date annoncée pour la réglementation européenne unique mise en place par la Commission.

Et le manager d’ID2Move de terminer sur un souhait : « L’ensemble du secteur espère que la Wallonie va continuer sur sa lancée et dégager plus de moyens et d’aides pour les diverses initiatives qui fleurissent dans toute les villes de la région, des villes qui veulent devenir des smart cities. Et dans ce principe, les systèmes autonomes sont évidemment incontournables. » L’appel est lancé… 

Arnaud COLLETTE

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